samedi 30 octobre 2010

FALLAIT PAS Episode 1

A l'aube de ma quarantaine, il semble que je sois definitivement prédestinée à vivre des événements de plus en plus fous.


J'ai récemment rencontré un nouveau specimen masculin. Une espèce hors du commun : LE FAUX BAD BOY SUPER GLUE. Un savant mélange de ringard, mythomane, machiste et de boulet.
Vous me direz, mais enfin Ginette Pompadour, pourquoi ??? Pourquoi avoir fricoté avec un exemplaire si pathétique de la gent masculine, vous qui d'habitude faites preuve d'un goût exquis et d'un sens de la sélection digne des plus grands éleveurs de lévriers afghans?
Je vous répondrai que oui, j'ai fauté. La fatigue de ce début d'automne, le changement de saison et le dérèglement hormonal, la grève nationale, la chienlit, d'un coup la faille, la fissure, la chute dans un monde parallèle, l'incompréhension, le doute...



A ma décharge, ce specimen, que nous nommerons pour des raisons de respect de l'anonymat "Jacky", m'avait été présenté par un ami en qui j'ai toute confiance et dont le mode de vie est fort éloigné de la beaufitude racisto-misogyne dont souffrait jacky.



C'est donc sereine que je me laissais charmer par un physique agréable, une voix rocailleuse de fumeur et buveur inveteré, un regard d'aigle prêt à fondre sur la chair tendre d'une proie facile....je passais outre les claquettes allemandes en croute de cuir, le tee shirt orange informe et le caleçon de bain semi long noir dont il s'était revêtu ce soir là pour fêter son anniversaire entre amis (autant de détails flagrants qui auraient du mettre en route mon alarme anti boulet).

Certes, le discours pêchait déjà par ses approximations, ses raccourcis hâtifs, ses généralisations qui font la joie du beauf sur de lui, tels que : "les femmes intelligentes, c'est une légende", ou encore "la meuf, elle voulait de la love story, du bisou, moi ça m'a dégoûté".

Remarques qui m'avaient certes heurtée, mais qui éveillaient en moi un sentiment de fascination perverse et de sérennité que donnait la certitude que la cause était perdue et le combat inutile.


Jacky se targuait d'être un vrai bad boy de Marseille, se fantasmait en Jacky le Mat, en Francis le belge, las ses seuls faits d'armes étaient le deal intermittent d'herbe qui fait rire et quelques heures de garde à vue ...

Jacky avait une extension poilue au bout d'une laisse : un chien qui aurait voulu être un pit bull mais qui n'était qu'un gentil staff effrayé par les chats.

Jacky avait eu une moto avant et il allait sous peu en acquérir une autre, bien mieux, un engin de rider, une machine dont les trépidations me feraient à coup sur grimper au rideau : je n'ai aperçu que le vieux trial ebreché "prêté par un ami" (mais conduite avec le blouson de moto coqué, le casque avec des flammes bleues sur les côtés et les lunettes masques).

Jacky pensait vivre grand train, les restos, les boites privées, les femmes faciles, le champagne Ruinart rosé et finalement dînait tous les soirs à la même brasserie pour touristes en buvant du coteau d'aix avec ses potes faux bad boys sans laisser plus de 2 € de pourboire.


Avant d'arriver au point de non retour, au moment où sa bêtise ne me faisait même plus rire, j'avais donc donné sa chance à ce nouveau produit environ 5 fois. Au bout de la 3ème j'avais déjà été saisie d'un doute affreux mais la chair est faible et je repartais bravement au combat.
C'est lors du 5 ème rendez vous, (après avoir donc ingurgité 4 fois de mauvais tartares frites à la brasserie fetiche où il était tout fier de m'inviter en se pavannant tel Tony Montana dans son night club), que la cruelle vérité m'enserra dans son étau.

Cette 5eme fois, j'avais dormi dans la tanière de Jacky, son chien ronflant sur mes pieds. Le lendemain, la conscience passagèrement entamée par une soirée plus qu'arrosée, j'acceptais un 5eme tartare frites à la brasserie, bien sur suivi de l'inévitable tiramisu liquide et spongieux au Nescafé. Ainsi colmatée, je ne vis pas venir l'attaque qui devait suivre. Jacky m'invitait à faire une ballade digestive avant que je ne retrouve ma vie normale. Prise d'un sursaut aventurier, je dodelinais du chef en lui laissant le choix du lieu de notre ballade.
Mon cerveau fatigué avait à peine decrypté les mots " centre commercial de bonneveine" que j'étais en route pour ce que j'appelle depuis "L APRES MIDI DE L ANGOISSE"


Retrouvez la suite de cette aventure palpitante la semaine prochaine !!!!!!!!