lundi 22 novembre 2010

LE SERIAL NIQUEUR DEBUTANT

Lectorat vénéré, amis et fan unique,





J'avais promis de vous narrer la soirée de l'angoisse, épisode clef venant mettre un point final à mon fricotage avec le bad boy. Une fois n'est pas coutume, faisons fi des promesses ! Cette soirée de l'angoisse vous sera peut être narrée ultérieurement (suspens ! teasing pour mon fan !!) ; je me vois dans l'obligation de faire une entorse dans la narration chronologique de cette aventure et de faire un point actualité. Une espèce de flash spécial gros con !!



En effet, j'ai rencontré dernièrement un nouveau spécimen de la gent masculine qui mérite qu'on lui consacre un chapitre entier.

Il s'agit de ce que je nommerai : le serial niqueur débutant, un être qui pollue de ses pitoyables fantasmes et de ses piètres connaissances en psychologie féminine, les pages rencontre du web, les soirées infirmières, voire les soirées entre amis...



Il y a une quinzaine de jours, je me suis rendue, innocente et confiante en l'avenir qui me souriait comme un gros soleil jaune dans un épisode des télétubbies, à un dîner chez une amie. Dîner qui avait déjà toutes les apparences d'un traquenard, puisque mon amie m'avait confiée avoir invité un jeune ami dans le but de me le présenter. Jeune ami = 30 ans, spécimen déjà largement évoqué et critiqué sur ce blog. Je ne vais pas encore tirer sur l'ambulance, mais bon, ils cherchent quand même ! Disons pour être sympa que les défauts psychologiques et comportementaux de cette jeune génération sont passablement comblés par leur énergie frétillante et leur fraicheur (comme les endives, ils croquent sous la dent).



Mais jugez plutôt.



J'arrivais donc à ce dîner, la mine réjouie, ravie de rencontrer de nouvelles personnes. Nous étions 7 ( 4 garçons et 3 filles). Précision utile : le garçon en question était tout à fait bien de sa personne, physiquement remarquable.



Dés le début de la soirée, les garçons s'isolèrent entre eux autour du bar tandis que les filles restaient sagement assises au salon. Malgré les exhortations outrées de la maîtresse de maison, les enjoignant de s'installer avec nous, les garçons (dont mon prétendant, qui était venu à cette soirée dans le but de me rencontrer) continuèrent à faire bande à part en discutant de leurs sujets de prédilection, une liste exhaustive des poncifs de la discussion entre hommes. Dans l'ordre d'importance, nous eûmes donc droit à des échanges passionnants sur :

- le foot,

- le coût de la réfection d'une maison, au mètre carré,

- les races de chiens les plus méchants

- la destination des prochaines vacances communes,

-le check de qui a son permis bateau pour les futures parties de pêche.



Etant la seule femme fumeuse de cette joyeuse assemblée, j'arrivais à me frayer une place parmi cette élite masculine : comme ils fumaient tous, nous eûmes l'occasion par 2 fois de nous geler les couilles (enfin, eux surtout) en terrasse.

A la première pause, nos larrons passèrent en revue les diverses races de chiens qu'ils avaient possédées ; notre jeune homme mentionna alors la race des mâtins de Naples. Interpellée par la mention de ce vieux chien dont j'avais connu par le passé un digne représentant, j'essayais de m'immiscer dans la conversation en expliquant que ce chien était en voie d'extinction et était le plus vieux chien présent en France. Ce à quoi notre jeune candide répondit, interloqué " Ah oui, je vois pas le rapport avec Naples ?"...

Ce bref échange porta une forte estocade dans mes tentatives d'échanges avec ce jeune homme.

Mais je ne me déparai pas de ma légendaire persévérance et retournait une heure après fumer le calumet de la paix avec les garçons.

Cette fois-ci je n'eus pas l'heur d'attirer chez eux ne serait-ce qu'on regard ou le moindre signe de gentille connivence.

Les 4 garçons formaient un cercle serré et infranchissable autour du cendrier et m'excluaient de leur carré avec une superbe ignorance. Je fus condamnée à déposer mes cendres par terre. Une fois ma cigarette consumée, je crus tout de même bon de signifier mon départ par politesse. Las, nos larrons ne parraissèrent pas le remarquer.

Je finissais donc la soirée en compagnie des filles, bien plus intéressantes et polies.

La soirée s'acheva sans que le jeune candide m'adressât la parole.

Ce qui en soi ne constituait pas pour moi une grosse déception, j'avais compris que lui et moi n'avions à priori que peu de choses à nous dire.

Le lendemain, lors du debrieffing avec mon amie (l'hôte de la soirée) nous convînmes que les garçons avaient été quelque peu goujats et que le jeune homme qui avait été sélectionné pour m'être présenté, n'avait pas montré un quelconque signe d'intérêt pour ma personne. Ce qui nous mettait donc, sur ce point là du moins, tout à fait d'accord.

La réflexion demandant certainement à ce garçon des efforts plus longs que pour le commun des mortels, ce n'est que 5 jours plus tard que j'eu un retour via mon amie. Le "Mâtin de Naples" lui avait signifié qu'il me trouvait mignonne (trop sympa) et il souhaitait savoir s'il pouvait me demander comme amie sur FB.

Attendrissante nouvelle génération, empêtrée dans les affres des nouvelles technologies de communication !!

Je donnais mon accord pour cette prise de contact virtuelle.

3 ou 4 jours passèrent sans que ne se manifeste mon prétendant. Quand soudain, merveille des temps modernes, je recevais un poke !!! oui !!! un poke !!! Pour tout dire je n'en avais jamais reçu. Après m'être renseigné auprès de jeunes gens de mon entourage, il apparut que le poke était une espèce de "coucou" envoyé d'un mur Face Book à un autre, sans que ne soit laissée place à une quelconque réponse, à part le "retour de poke".

Décontenancée mais amusée par cette nouvelle pratique, je retournais poliment le poke.

Le lendemain ( 24 H semblait nécessaires au jeune homme pour donner suite à son action), je recevais un message sur FB, rédigé comme suit :

"Helo, on a pa eu tro le temp de se rencontrez lautre jour, ca te di kon se voi ?"

La syntaxe expéditive et les lacunes flagrantes en orthographe sont chez moi des tue l'amour équivalents à une haleine de bouc et des ongles de pieds trop longs.

Par curiosité, je renvoyais le mail suivant"; pas trop de temps mais surtout peu de sujets de conversation en commun. Le coût des travaux dans une maison et le foot ne sont pas mes tasses de thé"

Ce à quoi il répondit, fort abruptement : "je cherche bon moment a 2, san forssemen de relation, si c dans t cordes"

Gosh !!! Je marquais l'arrêt comme un setter irlandais devant un lapin. Diantre, ce jeune homme était gonflé et m'avait coupé la chique.

Je recevais 2 mn après un nouveau message : "je pense ka 30 et 40 ans on peu ce permetr detre clair, non ?"

Je répondais par bravade : "Ok mais on discute avant ou pas ?"



L'ironie de ma réponse sembla lui échapper puisqu'il répondit avec une confondante niaiserie : "bien sur, de koi tu veu kon discut ?"



Ma foi en l'humanité et plus précisément en la nouvelle génération d'hommes (les trentenaires, race maudite !!) venait de faire une chute vertigineuse pour avoisiner le niveau zéro.

Je décidais de prendre en main l’éducation sentimentale du jeune homme en lui expliquant ce que son message avait d’irrespectueux :

« Bonjour, on ne m’avait encore jamais proposé de plan Q par mail, encore moins sans s’être échangé plus de 3 mots. C’était très maladroit de ta part. Les plans Q ça peut être très agréable avec des gentlemen, sinon c’est inutile. Il faut montrer à la fille qu’elle sort du lot un minimum, sinon ça donne trop l’impression que tu la considères comme une marchandise. Ceci est le conseil d’une femme d’expérience, fais en bon usage, et bonne chance pour la suite. »



Je considérais l’affaire classée quand le lendemain, je reçu le mail suivant : « T vexé ? »



Je coupais donc court à ces échanges qui me plongeaient dans un abîme de déconvenue par le message suivant : « Laisse tomber, ça va pas le faire, ciao »

Le jeune homme était sans doute niais mais très persévérant puisqu’il me répondit : « Pourkoi ca va pas le fere ? pck tu veu pa ou tu peu pa ? »



Je ne donnais évidemment pas suite, considérant que j’avais fait preuve de plus de patience que nécessaire et d’une remarquable générosité (désintéressée) en lui distillant mes conseils avisés pour qu’il puisse un jour se faire une nana.



Mais figurez vous que je viens de recevoir un autre mail, preuve décidément que ce garçon est obstiné, ou vraiment en manque : « Hello toi nous avons mal entamé notre rencontre sa te dis que l on se voit ? J’espère que tu vas bien et que ton linge était dedans ce wek parce qu’il a plus a n’en plus finir Bonne journée pe etre a plus ».



Ce souci qu’il démontrait pour mon linge et sa volonté de me tenir informée de la situation météorologique (que je ne pouvais pourtant pas ignorer, car effectivement, force est d’admettre que j’avais pu constater comme tout un chacun les pluies torrentielles qui s’étaient abattues sur notre région) ne laissèrent pas de me confondre…



Je devais me rendre à l’évidence, ce charmant garçon était non seulement maladroit, goujat, têtu mais il était surtout totalement stupide, d’une vacuité intellectuelle rare.

Et ça, ce n’est pas Ginette Pompadour spirit !!! Sus aux débiles !!!



La prochaine fois je vous raconterai comment je suis en train de reconsidérer la lesbiannité comme une alternative à l’affligeante incompatibilité homme-femme..

mardi 9 novembre 2010

FALLAIT PAS Episode 2 : L'après midi de l'angoisse

Chers amis,



Je vous avais laissés pantelants de frustration, dans l'attente de la suite de ce thriller haletant, voici donc l'épisode 2 des aventures de Jacky.



Nous partîmes donc, lui guilleret, moi déjà fort abattue, vers la galerie marchande de Bonneveine, qui est un peu le Plan de Campagne du 8éme : on y rencontre les mêmes familles hébétées devant les rayons yaourts et produits ménagers de Carrouf, les mêmes enfants obèses en jogging, trainant leur beaufitude congénitale dans leur caddy débordant.
Bref, l'endroit tout désigné pour donner libre cours à ses pensées suicidaires ou gauchistes primaires ("ah elle est belle la France de Sarkozy, le voilà le fleuron de la patrie, de la culture à tous les étages !")...
Jacky fonçait de magasins en magasins, me trainant là où il voulait aller (uniquement des magasins pour homme). A chaque fois que l'on sortait d'une boutique, il me tapotait gentiment l'arrière train comme si j'étais un toutou fidèle et soumis. Nous fîmes une brève escale dans une franchise de montres ; Jacky était fan de montres, il en possédait une dizaine, toutes volées, d'après ses dires. Il aimait collectionner les objets qui pouvaient lui donner l'apparence de l'opulence matérielle : 50 paires de lunettes de soleil, autant de baskets. Il me présentait les modèles, me demandait mon avis, j'hochais la tête distraitement, incapable d'expliquer que le choix de sa prochaine montre n'arrivait pas à éveiller en moi le moindre sursaut d'enthousiasme. Je me laissais glisser dans une torpeur soumise, anéantie par l'ennui. Telle une mouette mazoutée par Totale, je trainais mes pauvres ailes engluées en attendant désespérément l'aide des secours. Je voyais mon bel après midi ensoleillé filer sans aucun espoir d'y glisser une activité un tant soi peu intéressante ou constructive.
Nous entrâmes alors chez Zara Homme, où Jacky se mit à la recherche d'un parfum digne de la virilité sensuelle et raffinée qu'il pensait certainement incarner.

Jacky me tendit alors 2 flacons dont les noms évoquaient certainement d’après leurs créateurs marketing, les concepts de « Irrésistibilité du bois de santal du Vietnam du Nord pour homme beau et riche » et « Senteurs suaves des épices du sud de la France pour le voyageur de l’Infini ». Il voulait mon avis sur ces précieux jus et ainsi éviter l’acquisition dispendieuse d’un parfum olfactivement incompatible avec sa personnalité complexe.



Les sinus anesthésiés et quasi cautérisés par ces 2 émanations de l’industrie pétrochimique, je lançais sobrement cet avis définitif et rebelle : « ben je sais pas, les 2 sont biens non ? ».

J’avais surement éveillé inconsciemment grâce à cette phrase un stimulus criminel chez Jacky. Toujours est-il que je vis son regard s’allumer d’une flamme vicieuse, il cligna des yeux 2 fois et là tout se passa très vite : il s’empara des 2 flacons de démonstration et les glissa dans les poches revolver de son jean. Je le sentais tout fier de son larcin, rempli d’orgueil. Je ricanais nerveusement, effarée, rouge de honte, cherchant des yeux la sortie pour m’y engouffrer au plus vite. Je me collais derrière lui, tentant maladroitement de faire écran entre les protubérances carrées formées par les flacons dans ses poches et les caméras de surveillance.

J’étais coite. Terrassée par l’incrédulité. Toujours inerte, je priais pour que mon supplice s’arrêtât au plus vite, mais j’étais à Bonneveine, et la perspective de rentrer chez moi en empruntant les transports en commun m’apparaissait comme une épreuve encore plus insurmontable.

Mais il était dit que mon supplice ne touchait pas encore à sa fin.

Jacky, toujours inconscient de mon malaise, me trainait maintenant chez Sephora. Vous me direz, mais enfin Ginette Pompadour, votre perspicacité légendaire n’a pas fait sonner les trompettes du déjà vu ??? N’avez-vous pas envisagé que Jacky réitérerait ses exploits de rapine dans le temple du parfum en libre service ??? Et je vous répondrai, que nenni mes amis ! Pas un instant, j’étais anesthésiée je vous dis !

Devant le rayon des parfums féminins, je humais distraitement un démonstrateur, je tentais de me fabriquer une bulle virtuelle pour m’isoler, quand j’entendis un « shplok » annonciateur d’un rebondissement dans le fil de mes aventures cleptomanes. Jacky venait de faire basculer le démonstrateur d’un Dolce Gabanna dans un sac. Mon sang ne fit qu’un tour et mes poils se hérissèrent de terreur, tant légitime était la crainte que cet abruti n’ait choisi de déposer ce butin dans mon sac. Après une vérification rapide, je constatais qu’il n’avait tout de même pas eu ce culot. Le démonstrateur était dans le sac de Jacky. « Pour toi, cadeau ! » me dit-il une fois sorti, d’un ton triomphant, avec le rictus modeste de celui qui a la certitude d’offrir un cadeau inestimable.



J’empochais le flacon (foutu pour foutu, il était volé, on n’allait pas le rendre !) et manifestait mon intention de regagner mon foyer au plus vite. Il était 17h, j’avais perdu 3 kgs d’eau suite à la sudation provoquée par l’effroi, j’avais perdu aussi au passage l’estime de moi-même pour avoir suivi sans broncher cet imbécile, mais j’avais gagné la certitude que plus jamais je ne le verrais !!

En y repensant, je me dis que ce n’est pas tant le fait qu’il ait volé qui m’a choquée, c’est surtout la petitesse du geste, voler des démonstrateurs de parfum de seconde zone, ce n’est définitivement pas « Ginette Pompadour spirit ».



La prochaine fois mes amis, je vous raconterai l’épilogue de cette folle aventure : « La soirée de l’angoisse »… que de rebondissements en perspective !!!!