dimanche 29 novembre 2009

LE GRAND PALMARES

Dans l'entreprise où j'ai le bonheur de gacher mon talent à temps plein en compagnie de 2000 autres personnes, la population masculine s'amuse à dresser un classement des femmes les plus jolies du moment.

Belle habitude que voilà ! Qui s'inscrit dans la tradition des concours d'élégance du 20 éme siècle ou plus prosaïquement dans la lignée des programmes télévisés basés sur des "TOP LISTES" (LES 10 CHANTEURS LES + RINGARDS DES ANNEES 80, LES 10 EXTRAITS LES PLUS CLICHES DE FILMS COMIQUES FRANCAIS RATES , LES 10 MOMENTS LES PLUS FORTS DE LA FRANCE DE GAULLE AVANT QUE CE SOIT LA CHIANLIT, LES 10 TRUCS POUR MEUBLER CETTE SOIREE DE VACUITE INTELECTUELLE ET VOUS FAIRE BOUFFER DE LA PUB, etc, etc...)

Les auteurs de cette liste entourent sa création de secret et d'anonymat ; les précautions prises pour la diffuser sont dignes des techniques utilisées sous Pétain pour parler aux alliés. La liste est donc difficilement accessible à l'ennemi (nous, LES FEMMES !). La liste n'est pas figée et s'amende au fil des nouvelles arrivantes dans la société, des aléas physiques subis par certaines (un hiver passé à grignoter des marrons glacés peut vous faire perdre quelques échelons au printemps venu, un bronzage salvateur vous en faire gagner).

Les auteurs de cette liste sont à l'affut de nos mouvements, de nos changements de looks, nous mettant une pression terrible sur le dos, pire que la gestapo. On en vient à se retourner dans les allées de l'étage compta : le regard que nous a jeté le chef tréso, c'est sur, il a capté le flottement de nos capitons sous le legging en sky. A la machine à café, Jean Mi du 3ème a bloqué sur les avants bras de M. et certainement déduit qu'elle n'était pas une vraie rousse...

Les auteurs de cette liste se regroupent par phalanges, organisant une guerre inéquitable contre la femme : il existe en effet plusieurs listes, la liste de l'informatique variant dans ses exigences de celle des commerciaux. Certaines listes se chevauchent et établissent un double classement dans lequel celles qui font l'unanimité seront les reines du moment.

L'ennemi est donc partout, changeant de visage, multipliant ses armes et brouillant les pistes tel Jean Pierre Treiber dans les fourrés de Seine et Marne.

La tension est à son comble lorsque le classement tombe. Les crampes d'estomac ressenties quand on attendait les résultats du bac sont des battements de cils comparés aux soubresauts qui assaillent nos entrailles. On serre les mains des collègues féminines en attendant bravement la sentence, la gorge nouée....

Que faire si vous n'êtes pas sur la liste ? La solution à court terme : inscrivez vous à Miss Swan, relooking de l'extrême. La solution à moyen terme : sortez avec Jean Mi du 3ème et attendez la prochaine liste.
Que faire si vous êtes sur la liste ? : Poussez intérieurement des mugissements de reine de l'univers intergalactique du mal (mouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhh aahhhhhh ahhh mouhhhahhhhh ahhh) d'une voix caverneuse et sensuelle mais contentez vous de sourire légèrement d'un air modeste et désinteressé.

Attention, si vous êtes sur la liste, voire sur plusieurs listes, la pression ne vous quittera plus, tel un chef fraîchement étoilé par le guide Michelin il va falloir monter en gamme, proposer une nouvelle offre, surprendre l'assemblée constamment, faire des travaux d'entretiens titanesques, développer vos compétences et préparer dèsà présent la compétiton de la prochaine liste.
Une mission épuisante si vous l'acceptez.

Une preuve supplémentaire de la domination masculine : en créant l'émulation, en supprimant toute solidarité féminine, les hommes se serrent les coudes et se jouent de nous !! Scandale ! Regression intolérable dans les acquis de l'égalité entre les sexes !!! Jeu de compétition indigne !!!!
J' m'en fous j' suis dans la liste ! mouaaaaaaaahhhhhhh aaahhhhhhhhhhhhhhhhha aaahhhhhhhhh :!!!!!

mercredi 25 novembre 2009

CLASSE ET DISTINCTION

Ma vie sociale étant toujours à son top niveau, mon réseau suivant une courbe ascendante à la faveur des années, je rencontre assez fréquemment des gens nouveaux dont les parcours divers viennent enrichir mon expérience et mon savoir.

La semaine dernière j'étais donc invitée à un anniversaire dont la majeur partie des invités m'était inconnue. Situation qui vient satisfaire mon goût pour les rencontres et ma soif de connaissances. C'est donc toute ébaubie à l'idée de me jeter dans cette foule inconnue que je m'arrêtais nette devant une créature femelle dont les attributs me laissèrent perplexe.

Cette demoiselle âgée d'une vingtaine d'année était vêtue assez sobrement de noir mais la partie supérieure de son anatomie ne manquait pas d'attirer tous les regards de l'assistance ( hommes et femmes compris). Cette jeune femme portait un sous pull assez couvrant qui ne pouvait expliquer les regards lourds de sous entendus que s'échangeait l'assistance à son sujet. Je m'approchais de plus près et constatais qu'elle dardait vers l'assemblée des tétons assez protubérants et de toute évidence non recouverts de l'étoffe salvatrice d'un soutien gorge.

Quel choc !!!!!!!

Ayant reçu une éducation judéo chrétienne assez classique, ma mère et ma grand mère me répétaient à l'envi qu'une femme "bien" ne sortait jamais sans sous vêtements. Conseil auquel je n'avais que trés peu désobéi dans ma vie (mais c'est une autre histoire).

Pour moi, née dans les années 70, une femme qui envoyait valser son soutif ou son slip, ça ne pouvait être qu'une camionneuse homo, adhérente au MLF, poilue sous les bras.
Pour cette demoiselle visiblement née à la fin des années 80, montrer ses tétons c'était juste afficher une féminité discrète mais troublante, et avoir l'assurance de capter l'attention et les regards toute la soirée.

J'applaudis cette liberté d'esprit, cette confiance et ce jeu de séduction qui sont certes le fruit des batailles de adhérentes MLF. Mais je n'ai pu m'empêcher de rejoindre le clan des commentateurs goguenards présents à cette soirée, ricanant et nous perdant en suppositions sur les raisons de cette verticalité tétonique. Le froid ? l'excitation ? les hormones ? tout y est passé. Certains ont même avancé la probabilité du port de prothèses pour tétons, accessoire fréquemment usité chez les américaines.

Cette jeune femme aurait pu exposer sa poitrine telle des obus sous un décolleté pigeonnant, porter un haut en dentelle transparente avec soutif apparent qu'elle n'aurait pas attirer de commentaires aussi graveleux.

Et c'est là que nous devons malheureusement admettre que la liberté et la séduction chez une femme doivent se limiter à des techniques socialement admises (draguer un homme marié, se faire offrir des cadeaux hors de prix contre des faveurs sexuelles, etc...). En 2009, comme en 1909, il n'est pas encore admis en société que les femmes se séparent du sacro saint soutien-gorge. Ca C'EST LE MAL ! Gourgandine va !!!!

jeudi 19 novembre 2009

LA STRATEGIE DE L' ECHEC

Pour ceux qui me connaissent depuis longtemps, il est un personnage dont ils ont souvent entendu parler.

Je reviendrai plus tard en détail sur le profil, la genèse et les exactions de cet individu que nous nommerons pour des raisons de confidentialité "le boulet".

Le boulet vient d'avoir 40 ans, il est au chômage depuis plusieurs années, vit chez ses parents, et n'a à ce jour pas connu de relation amoureuse. J'allais ajouter "de relation amoureuse stable" mais ce n'est pas nécessaire tant il est vrai qu'on peut considérer que sa vie affective se résume à des fantasmes via internet.

A la faveur de l'émission "Tournez Manèges" récemment réintroduite dans le PAF avec bonheur, notre boulet a décidé de tenter sa chance pour l’amour en se portant candidat sur le site de l'émission. Les organisateurs, flairant sans doute le bon client, se sont empressés de le contacter pour lui donner RV avec la personne en charge du casting régional. Notez au passage la belle organisation de cette affaire : on a droit a des castings régionaux, histoire de pas louper le célibataire malgré son éloignement de la capitale ; à mon avis on va encore se retrouver avec des candidats ch'tis alcooliques et des cacous marseillais roulant des mécaniques et donnant une bien piètre image de leur si belle région.

Boulet s'est donc rendu au centre régional du casting de tournez Manège: l'Equinoxe à l'escale Borely.

Là, la jeune femme lui a posé des questions plus affinées du genre quel type de femmes il aimait, ce à quoi il a répondu « toutes de 18 à 50 ans ». Et déjà ça c’est une bonne blague parce que le boulet est très difficile en fait : il n’accepte que des femmes taillant du 36 et dotées d’un 90D ; ce qui n’est pas mission aisée lorsqu’on ne ressemble pas précisément à George Clooney et qu’on a 15 bons kgs en trop.


Ayant visiblement satisfait la casteuse, celle-ci lui donna RV à Paris pour l'enregistrement prévu le 23 novembre. Boulet étant sans travail depuis des années, cela lui laisse BEAUCOUP de temps libre, mais allez savoir pourquoi il trouve toujours des raisons pour ne pas mener à bien ses projets. Aussi commença-t-il à expliquer à la prod qu'il préférait monter à la capitale au mois de décembre, sans doute pour profiter des belles illuminations en cette période de fêtes. Le boulet est un grand enfant.


Donc pour résumer, ce type est seul comme un rat depuis 15 ans au bas mot, on lui offre un aller retour + déjeuner + soirée à Paris pour rencontrer peut être une cagole qui lui plaira, il a le temps, pas de compte à rendre à un éventuel employeur, ben non il rechigne et fait le difficile.


Aux dernières nouvelles, il semblerait que ce grand moment télévisuel ne voit jamais le jour : Boulet est en effet très déçu par TF1 car il voulait en fait participer à la Roue de la Fortune mais TF1 ne prend pas en charge le déplacement et les frais des candidats pour cette émission. Du coup ben Boulet a décidé de rien faire du tout. Et toc.


C'est la stratégie de la loose dans toute sa splendeur.


La prochaine fois je vous raconterai les aventures sentimentales du boulet sur internet.

lundi 16 novembre 2009

Poivrot mon ami

Il m'est arrivé dernièrement une mésaventure que nous pourrions attribuer aux ravages de l'alcool. Précisons tout d'abord et de façon très nette en guise de préambule sanitaire : l'abus d'alcool est très dangereux, j'ai failli y laisser une paire d'escarpins entre 2 pavés disposés de guingois.


Alors que je quittais une soirée passablement arrosée, j'avais eu la présence d'esprit de me garer non loin pour éviter tout vautrage dû au port de talons honteusement hauts et peu compatibles avec un état de déséquilibre causé par l'alcool.

D'aucuns diront que j'eus dû prendre un taxi : malheureusement je ne pouvais pas marcher jusque là. Et c'est contrite que je reconnais avoir eu un comportement idiot en prenant ma voiture, mais c'est bien là tout le problème de l'alcool, on ne se rend pas compte qu'on est stupide, on est justement persuadé d'assurer grave !



Bref, je pris donc les commandes de mon bolide et roulais bravement à 35 km/heure en passant devant la préfecture de police, chemin que je jugeais à ce moment là parfaitement judicieux en raison de la présence rassurante de policiers qui me mettait à l'abri de toute tentative de car jacking. Danger que je mettais à ce moment précis en top liste des fléaux qui me guettaient.



Au bout de 10 mn d'un trajet pénible, d'un franchissement de ligne blanche pour faire 1/2 tour car allez savoir pourquoi mon sens de l'orientation légendaire m'avait une fois de plus fait défaut, j'arrivais donc dans ma rue et m'apprêtais à pester pendant de longues minutes contre la pénurie de places. Les dieux des poivrots étaient avec moi sans doute puisque je trouvais une place en bas de chez moi. Il ne me fallut qu'environ 17 mn pour faire le créneau et essuyer les insultes d'un chauffard impatient derrière moi qui estimait surement que les femmes seraient mieux aux fourneaux/sous un voile/cadenassées plutôt que derrière un volant.



Je rentrais chez moi épuisée, nauséeuse mais avec la satisfaction d'avoir laissé mon véhicule en lieu sur sans avoir eu d'accident.



Une semaine après, je décidais de prendre ma voiture pour faire une course. Quelle ne fut pas ma stupéfaction quand je remarquais que gisaient sur le fauteuil passager quelques détritus, dont une bouteille de coca vide. Je réglais machinalement le siège, détail qui ne laissa pas de me confondre, ma taille ayant peu évolué ces 20 dernières années. En posant les mains sur le volant je constatais avec horreur qu'il était enduit d'une matière vaguement collante et que le pare brise aussi comportait quelques traces que je préfère prendre pour des giclées de coca. Je démarrais néanmoins, perplexe mais décidée à ne pas perdre de temps.

C'est alors que le signal d'une portière ouverte se mit à retentir sans discontinuer malgré mes tentatives de fermeture centralisée des portières.

Au bout de quelques centaines de mètres je m'arrêtais pour constater que la portière passager avait été ouverte mais sans être forcée.

Tous ces indices m'ayant mis sur la piste d'une situation anormale je me retournais pour vérifier l'état de mon siège : celui ci présentait une auréole géante et humide. Mon sang ne fit qu'un tour et je repartis chez moi pour procéder à une désinfection au napalm des parties contaminées.

Après avoir narré cet épisode à différentes personnes, la version la plus plausible est que j’aurais omis de fermer ma voiture en rentrant bourrée chez moi. Un poivrot clochardisé y aurait alors élu domicile, m'ayant peut être aperçue dans le même état que lui, il aurait estimé que nous étions frères de galère et que je comprendrais certainement cette intrusion.



Cette anecdote est donc bien la preuve que l'alcool est très néfaste et peut induire des comportements risqués. La prochaine fois je me ferai ramener en scooter.

mardi 10 novembre 2009

BOUGEONS AVEC LA POSTE

Aujourd’hui mes amis, réglons une bonne fois pour toutes son compte à un mythe, tordons le cou à une légende, essuyons nous les pieds sur le paillasson d'un des derniers survivants de la bureaucratie à la papa : la poste.

Avec les commémorations du 2Oème anniversaire de la chute du mur de Berlin, on revoit des images de l'époque révolue des files d'attente, des complications administratives pour obtenir un formulaire B12 (sésame indispensable pour refaire la queue au bureau délivrant les laisser passer U23), des monopoles ...un système absurde et liberticide, heureusement éradiqué de l'occident.
Mais il est un lieu résistant encore et toujours au progrès, à la libéralisation des échanges, un lieu où vous pouvez revivre les bonnes heures de l'occupation : la poste !

Ce matin je m'en allais sereinement, telle Perrette et son pot au lait, brandissant fièrement dans mes petits poings serrés l'avis de passage de mon facteur, qui avait semble-t-il sonné alors que j'étais chez moi mais bizarrement je n'ai rien entendu, perte d'ouïe due à mon grand âge sans doute , ou alors ce fourbe se venge de toutes les fois où je ne lui ai pas laissé d'étrennes (mais c'est parce qu'il voulait pas me donner les recommandés adressés à mon mari : même nom, même adresse, marié mais ça suffit pas, depuis je nourris une haine sans borne contre mon facteur). En plus je l'avais prévenu par oral : pas de recommandé, pas d'étrenne.

Ayant déjà connu les joies liées à la récupération d un colis à la poste je m'étais munie de ma carte d’identité et de l’avis de passage. L'avis de passage précisait : "votre colis est disponible à partir de 10 heures", il était 10h10 lorsque je me pointais toute excitée (naïve enfant) au bureau de poste, avec la satisfaction de la bonne élève consciente d'avoir tout bien respecté les consignes de l'exercice. A l'entrée, plusieurs employés en gilet rouge et casquette jaune cherchent à recueillir des signatures contre la privatisation de la poste, sujet sur lequel je suis jusque ici restée assez réservée, voire peu concernée. Je contourne lâchement les rebelles du libéralisme.
1ére contrariété : je ne suis pas la seule à me sentir toute excitée à l'idée de faire la queue à la poste, visiblement environ 250 personnes ont eu la même idée. L'idée de se laver moins en revanche. Mais bon. Je me mets sur la pointe des pieds pour dépasser la composition savante de dreadlocks devant moi, le type est probablement en BEP pâtisserie et cherche à s'exercer sur son projet de pièce montée AVEC SES CHEVEUX. Bref, je tente d'apercevoir le guichet qui correspond à l'opération que je souhaite ; "colis" aperçois-je, c'est pour moi, c'est pour moi !! y a personne !!! gniiiiii !!! Je me mets en apnée et fend bravement la jungle des sacs de poireaux, des poussettes, et des cannes.


Le graal est là, nimbé d'un halo de lumière : une dame pas souriante me jette un oeil, ce que je prends pour un signe de bienvenue. L'employé de la poste ne sourit pas et ne vous regarde pas. S’il vous regarde c'est déjà un signe qu'on peut rapprocher de ce que nous appelons l'énergie vitale chez l'humain normal.

J’avance, avec respect et crainte vers celle qui me délivrera mon oreiller en balle d'épeautre (signe de mon engagement écologique et bio, de mon besoin pour une vie meilleure et naturelle) commandé sur internet. Je lui tends en souriant mon avis de passage non sans avoir prononcé distinctement une formule de politesse basique en signe de paix. Signe auquel la préposée ne daigne pas répondre du haut de son auguste pouvoir. Qu’à cela ne tienne, rien ne saurait entamer ma foi en l’humanité. Je la vois taper plusieurs fois le code de mon avis, je la vois l’effacer, penser à ses points retraite, recommencer, souffler. 5 mn se passent et mes rêves de nuits embaumant la paille et le foin s'éloignent...la postière ouvre la bouche (elle parle !!) : " y sont pas encore traités ceux là, faudra r’venir ct' après midi"....
Moi: "mais il y a marqué 10 h là et j'ai posé exprès ma matinée"
Elle, vaguement satisfaite : "eh oui mais il (qui ça il ?? un ouvrier anonyme de cette ruche sur laquelle elle règne sans partage ??) a pas eu le temps de le traiter"
Moi " mais je veux pas qu’IL le traite, je veux qu’ IL me le donne"
Elle :" ben faut r'venir ct' aprèmidi".
Sentant qu'elle et moi n'étions pas partie pour nous échanger nos recettes de cuisine autour d'un bon Thé Mariage Frères, j'assène mon coup de grâce en me drapant dans toute ma dignité : "ben je suis pas prête de la signer vot' pétition contre la privatisation!".
Et en partant j'oublie ma carte d'identité que la reine des abeilles me tend en riant, goguenarde : « oubliez pas votre carte d identité pour signe la pétition" !
M'étouffant de rage et de frustration, d'impuissance et d'injustice je maudis le service public et ses dérives lamentables, je me maudis de le maudire, je maudis les derniers privilégiés du 21 ème siècle, le système qu’on a congelé au 20ème siècle, et je repense à cette maman dans Good bye Lenin, que ses enfants cherchent à ménager et à convaincre que le mur n'est pas tombé, elle aurait pu venir faire la queue avec moi ce matin, et repartir convaincue que les choses n'ont pas changé et que le temps s'écoule aussi immuablement dans un système parfaitement compartimenté, rigide et rassurant.

vendredi 6 novembre 2009

mon roudoudou

Alors que je discutais avec un ami de mes questionnements et désarrois quant à l'amour, celui-ci m'a parlé d'un couple qu'il connaissait dont l'habitude était de s'échanger des messages d'amour via face book. L'enthousiasme de mon ami était tel que j'ai demandé à ce qu'il me fasse partager quelques uns de ces échanges dont je vous livre ici un extrait particulièrement savoureux :

LUI : "toi ma chérie à moi, tu c'est tout ce que je pense de toi et de nous mais surtout de notre pepette et sache que bientôt je te surprendrez encore et encore"
ELLE : "pour nous mon coeur : je ne sais quoi toucher pour tomber sur tes doigts, au mieux il nous arrive de poser nos mains au même endroit"
LUI :" quoi dire mon amour, je t'aime mon bébé et je te ferai un gros calin sur cette chanson, bisou d'amour"
LUI : "si amore moi ti amooooooooo, oui oui je t'aime"
ELLE : (parlant de la chanson de Patrick Fiori "sans bruit") "elle est tellement vraie !"
LUI : "j'adorrrrrre,, mon amour"
LUI : "tu es magnifique mon BB, de plus en plus tous les jours qui passent, tu sais dès fois je te regarde et après je me dis dieu m'a envoyer un ange et cette ange c'est toi ma futur femme et je tenai à te dire que je suis dingue de toi et de tout le bonheur que tu as apporter dans ma vie jusqua aujourd'hui alors change rien en toi ti amo.

Passons sur les fautes d'orthographe que je tenais à laisser telles quelles pour mieux restituer la rugosité du propos. Qu'est ce qui ressort de ces mots ? de la mièvrerie, voire de la niaiserie, de l'exhibitionnisme... mais surtout un amour absolu !

Un amour que ces p'tits salauds vous balancent en pleine face (book), en se frottant les mains, tout fiers d'eux, bien supérieurs à leurs potes enlisés dans des relations routinières, avec bisou du soir sur le coin de la bouche, purée mousseline devant la télé et pyjama jogging chaussettes !!
Ouais nous on s'aime mi amor, my lov for ever, on va quand même pas garder ça pour nous !!! Ben si, gardez ça pour vous justement ! on vous a rien demandé !
Déjà que c'est pas facile de faire face à notre désert affectif, à nos rencontres foireuses et déprimantes, à nos relations finissantes, à nos couples copains-copines, au démon de midi de nos hommes, à notre démon de midi à nous, il faut en plus assister au bonheur des autres ???

En plus, je trouve ça louche moi le mec qui compare sa femme à un ange alors que sa femme (on la connait) il faudrait la faire hélitreuiller tellement physiquement elle se rapproche plus de Bette Ditto que de la fée clochette. L'amour rend aveugle me direz vous et ce garçon est persuadé qu'il a décroché le pompon, bingo, les quatre boites de conserves touchées c'est le gros éléphant en peluche pour monsieur ! bravo monsieur, monsieur est connaisseur !

Et l'on touche donc au coeur du problème : on aimerait bien être atteint de cécité nous aussi, même un léger strabisme on prend, pour recevoir un jour un peu de cet amour ridicule et lourd, absolu et minuscule...