mercredi 12 juin 2013

BUISSONS CHERCHENT ELAGUEUR





Attention cette chronique ne va exceptionnellement pas parler de cul ni de rapport amoureux.



J’ai un grand besoin d’élaguer mes buissons. Mes buissons, je veux dire, mes vrais buissons en herbe, avec des branches et des feuilles qui dépassent dans le jardin.

Je suis donc partie à la recherche d’un élagueur. Une catégorie socio professionnelle totalement mystérieuse pour moi. Tout juste imaginais-je un mixe entre un garde forestier et un jardinier : du genre taiseux, plutôt rustique voire champêtre.

Et moi ce genre de personnes, je ne le côtoie pas ultra fréquemment dans mon quotidien, j’ai pas trop d’acquaintance dans le milieu des eaux et forêts.

J’ai tout de même fait marcher mon réseau : j’ai interrogé les propriétaires terriens de mon entourage en leur demandant de me tuyauter sur un bon élagueur.

Ce qui fut fait. Une amie me confia le numéro quasi top secret d’un homme de confiance qui ratiboisait les buissons de toute sa famille depuis plusieurs années. Elle me recommanda de préciser que j’étais une amie de sa famille : genre on se prête pas son élagueur comme ça, faut montrer patte blanche.



Je composais donc le numéro de ce monsieur :

- Moi : « Bonjour Monsieur X, je vous appelle de la part de Nadina, elle m’a dit grand bien de vos prouesses en élagage ; il se trouve justement que mon jardin est en friche et que vous m’enlèveriez une grosse épine du pied, c’est quasi le cas de le dire, en acceptant d’exercer vos compétences forestières chez moi »

- L’élagueur (voix gutturale, accent marseillais insensé) « ah, oui Nadina tout à fait, elle m’en a parlé effectivement. Alorreeuh, moi cetteuuu seuumaine c’est full full, ça va être impossibleuuu de voirreeu ça, la semaineeeuuu prochaineuuu c’est tendu aussi au niveau de mon planingueuu, c’est ureeeugent ?? »

- Moi : « eh bien c’est-à-dire, ce n’est pas une urgence déclarée, y a pas non plus danger sanitaire, mais je ne vois quasi  plus le jour dans mon living room »

- L’élagueur : « ah, et vous habitez dans quel coinggggg ? »

- Moi : « à la Plaine »

- L’élagueur : « à la plaine sur huveaune ?? »

- Moi : « non à la Plaine chez les bobo pauvres, en ville »

- Lui, d’un ton très alarmé, le débit de plus en plus rapide et gouleyant : « ah mais on fait comment pour se garer chez vous ?? »

- Moi : « oh vous savez, on se met comme une merde en plein milieu de la route et on met pas les warnings, comme tout le monde quoi »

- Lui (de plus en plus inquiet et réticent) : « ah mais c’est que moi j’ai un Touram et je me sens pas de faireuu les aller retours dans la rue pour vérifier qu’on me le braque pas ; vous savez quoi rappelez- moi lundi prochain, on en reparle »



Voilà, je me suis donc pris un râteau par un élagueur. Un élagueur riche. A noter pour les futures réunions d’orientation professionnelle de ma fille : CAP élagage. Un métier d’avenir.

lundi 3 juin 2013

LES TRIBULATIONS DE GUS SUR ADOPTE UN MEC


Ni dragueur, ni collectionneur, j’aime avant tout la compagnie des femmes » : GUS, Juin 2013.

Lorsque j’ appris que le Nouvel Obs  allait bientôt publier une enquête sur les utilisateurs d’Adopte Un Mec, je pensais tout de suite à un garçon de ma connaissance qui se targue d’avoir atteint un niveau d’expertise particulièrement élevé sur ce site.

Gus s’est inscrit il y a environ un an : fraîchement célibataire, une amie lui avait conseillé ce site pour pallier sa solitude rapidement.
Contrairement aux autres profils masculins, plutôt brefs et directs à défaut d’être précis ou exacts, GUS a choisi de se présenter sous forme de questionnaire de Proust, énumérant sur plus de 3 pages ses préférences ou ses dégoûts, ses anecdotes enfantines, ses élucubrations alcooliques ou autistes ; ce qui donne un portrait surprenant, ultra intime et parfaitement unique :
« A 12 ans, j'ai eu une expérience mystique en contemplant les moires d'un rideau après avoir inhaler de l'Ether. J'ai appris à compter jusqu'à 10 avec Colargol. Enfant je pensais qu'avant ma naissance le monde était en noir & blanc. Je regrette de devoir me contenter de n'être que moi- même. J'aime les orages… ».

Malgré un profil atypique, GUS a pu rencontrer un panel de femmes très diversifié, allant de la post étudiante sublime et nombriliste  (Elle : « Quand je bois, tout chez moi sent le sexe », Gus : « Tu reprendras bien un Daikiri ? ») à la quinqua marquée par les déceptions mais toujours aussi naïve (« Mon ex-mari est toujours amoureux de moi, je suis persuadée que nous nous remettrons ensemble quand les enfants seront grands »). Sans oublier la quadra fraîchement divorcée, qui se remet à peine sur le marché et qui, pour mettre toute sa séduction en avant, arrive au rendez-vous sapée comme pour un mariage,  passe sa soirée à tenter de dissimuler des rembourrages dans son décolleté trop plongeant, et finalement ne fait ressortir que le côté artificiel d’une séduction qui ne la rendra jamais femme fatale…

GUS m’a expliqué que 80% des profils féminins sur Adopte précisent qu’elles recherchent « un homme ni menteur ni mytho, un mec de confiance » (traduction : l’amour de leur vie, leur prince charmant) alors que les hommes recherchent « une femme pas prise de tête » (une femme qui baise le 1er soir ).

Pour les femmes, ce site est une machine à fantasmes, sitôt le premier mail échangé avec l’homme, elles partent souvent dans des projections de vie à 2. La propension à s’investir sentimentalement chez une femme étant inversement proportionnelle à celle de l’homme, les désillusions sont nombreuses de part et d’autre.

Gus raconte notamment l’exemple de cette femme, intelligente et expérimentée, qui avait rencontré via Adopte un jeune homme avec qui elle avait passé 10 h au téléphone d’affilée. Le garçon l’avait séduite par ses mots, lui parlant d’amour et de sentiments. Ils s’étaient vus, avaient passé la nuit ensemble dès le 1er rendez-vous, le jeune homme promettant amour éternel et vie à 2 immédiate. Ils se quittèrent au petit matin et elle n’en eu plus jamais de nouvelles, il avait disparu dans la nature.

Ce site qui fait donc la part belle aux femmes en leur faisant croire qu’elles décident de quelque chose ne doit pas être abordé autrement que comme un site de rencontres à la chaîne où les attentes de chacun ne tournent pas forcément autour de la relation pérenne…

Les désirs des uns et des autres ne se rejoignent donc pas forcément et le risque des rencontres via sites c’est de se contenter de l’impression immédiate qu’on a de l’autre. Mais, parfois, avec un peu de patience et de suivi, on arrive à convertir les plus récalcitrants (hommes ou femmes) au plaisir de la relation suivie.

Pour conclure, je vous fais partager cette phrase de GUS himself, qui illustre bien le visage à la fois ingrat et pourtant inébranlable que peut prendre l’amour : « Je me souviens  une fois, j’ai rencontré une fille : on a passé 23 ans côte à côte ».