jeudi 17 décembre 2009

Mâle en point

Mes amis,


à la lecture de ce titre mystérieux et ô combien distrayant vous vous demandez, mais où va t-elle chercher tout ça ? Je vous comprends. Et en plus j'en ai plein d'autres dans la même veine que je ne saurais me résoudre à faire tomber dans les oubliettes de mon imagination tordue. Je vous les livre donc et vous invite à me faire connaitre votre préferé.
Nous avons donc : Mâle à l'aise, Mâle à barre, Mâle autru, Mâle entendant, Mâle à la tête, Mâle odorant, Mâle au coeur, etc, etc. Tremble Laurent Ruquier !

Mais revenons au sujet qui me préoccupe cette semaine et qui m'a amenée à pondre du calembour foireux autour du thème du mâle.

Oui le mâle. Celui qu'on idéalise, qu'on rêve, qu'on fantasme, et celui qu'on rencontre dans la vraie vie.

Dernièrement il m'est arrivé une mésaventure que nous pourrions faire rentrer dans la catégorie déjà débordante d'exemples intitulée " comment s'exposer à une amère déception parce que maman nous forçait à regarder la Petite Maison dans la Prairie quand on était petite et qu'on croit encore que Charles Ingals est l'archétype du mâle et que tous les hommes vont marcher dans la neige et braver la tempête pendant 5 heures pour aller nous chercher le docteur parce qu'on a 38° de fièvre".
Catégorie qui va de paire avec la suivante : " comment être condamnée à confondre Charles Ingals avec le petit métrosexuel victime de la mode de la chemise de bucherons et lui prêter notre crème nuit sans pouvoir jamais espérer qu'il nous prenne dans ses bras pour nous déposer sur le lit car il se ferait un tour de reins".

J'avais remarqué un jeune homme dont l'apparence, le physique concordait avec l'image que je me faisais du "mâle". Une machoire carrée, une barbe de 3 jours trés savamment entretenue, chelmise ouverte sur légère pilosité ( soit un juste milieu entre St Maclou et Adel des 2 BE 3), regard malicieux, sourire carnassier.
Autant de détails qui m'amenèrent à penser que ce jeune homme était à l'aise avec sa séduction, conscient de ses atouts et certainement capable d'aller me couper du bois par moins 15° pour entretenir le feu de notre passion.

N'ayant pas eu d'occasions d'engager la conversation, je déclenchais le plan ORSEC en rameutant des connaissances communes et en les chargeant d'organiser une rencontre au sommet. Rencontre qui fut organisée rapidement, non sans que mes amis harcèlent le jeune homme avec un teasing mystère lui annonçant qu'il rencontrerait le soir même une jeune femme aux yeux bleus dont le prénom commençait par un V.

Teasing auquel ce garçon avait mordu avec beaucoup de curiosité et d'entrain. Il avait apparemement deviné qui j'étais et annulé une autre soirée pour venir.

Je me rendais à la soirée vraiment amusée par ce "blind date", me mettant à la place du jeune homme et savourant par procuration le plaisir de la découverte, l'excitation d'une nouvelle rencontre et l'appréhension qui va avec.
Une fois sur place, je me dirigeais la fleur au fusil, déterminée et souriante vers l'objet de mon affection. Je dévoilais tout de go mon identité par cette phrase : " Mon prénom commence par un V". Précision qui me paraissait tout à fait suffisante pour dissiper tout malentendu quant à la raison de notre présence à tous les deux à cette soirée.
Mais c'était sans compter sur le manque de subtilité de ce garçon qui me répondit d'un air un peu mi figue mi molette " euh, pourquoi tu me dis ça ?"
Je ne me démontais pas et préferais mettre ce moment d'absence sur le compte de la rudesse du bucheron dont les atouts physiques seraient plus développés que les aptitudes intellectuelles. Qu'à cela ne tienne grand fou, me disais-je, et je m'empressais de lui demander avec un regard lourd de sous entendus, sans me départir de mon sourire:" à ton avis ?".

Dialogue riche sorti tout droit d'un drame Shakespearien. Je commençais à appréhender une fin en eau de boudin, et perdais peu à peu ma foi en l'homme et ma patience.

Mon Charles Ingals était là, souriant, rougissant et bafouillant, se transformant au fur et à mesure qu'il parlait en "OUI OUI AU PAYS DES JOUETS". Certes il était plutôt flatté, mais il semblait totalement incapable de relever le défi du jeu de la séduction et attendait vraisemblablement que je prenne les rennes de la discussion et que je nous amène gentiment sur le chemin de la conclusion mais surtout que je mette fin au calvaire qu'il vivait. Je crois qu'à un moment il m'a parlé du marché de l'immobilier, juste avant de me narrer son dernier voyage et de me faire la liste des objects typiques qu'il avait ramenés...
Tout plutôt que d'affronter la femelle potentiellement en rut que je représentais surement à ses yeux.

Je devais me rendre à l'évidence : je lui avais fait peur.

J'achevais son supplice et rejoignais mes amis pendant qu'il se carapatait vers la sortie. Mortifiée par ce fiasco, paralysée par cette nouvelle sensation de me sentir "inquiétante", déçue, en proie au doute sur ma propre conduite, je peinais toutefois à comprendre en quoi mon approche avait été intimidante.
Mes amis participèrent consciencieusement à mon debrieffing et me confirmèrent que la peur se lisait sur le visage de ma victime.
Mais ils me rassurèrent en évoquant son déficit de virilité, son immaturité, sa mollesse et son manque d'initiatives. Tableau qui divergeait totalement de l'image que je m'étais faite de lui.

J'en arrivais à la conclusion que le ramage se rapporte rarement au plumage, qu'un Charles Ingals peut vivre sous les traits d'un dandy soigné, qu'un chaton effarouché peut prendre les allures d'un chat de goutière. Et moi je coincerais toujours les plis de ma crinoline dans les pièges de l'apparence.

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