mercredi 20 février 2013

LE JUSTE PRIX

Dans ma quête du Graal amoureux, je ne recule devant rien pour parvenir mes fins. Maintes fois déçue, voire sonnée, par les multiples travers de nos amis les hommes, je ne me déclare pas vaincue et je repars chaque fois au combat, la lance toujours fermement serrée dans mon gant de velours et l’étendard de ma foi brandi bien haut.


Après les visites éclair sur les sites de rencontre pour tomber sur jean mi du boulot, les propositions de plan cul par texto en langage approximatif, les bad boys cleptomanes, les jeunes trop jeunes, les vieux trop vieux, les hommes mariés en quête d’une « belle et tendre aventure » (i-e : du sexe approximatif entre midi et 2, près du boulot), les farouches, les coincés, les fous, je pensais avoir fait le tour de ce que me réservait la gent masculine… que nenni !

C’était sans compter le macho idiot fier de lui, prêt à bousiller l’estime de n’importe quelle personne en face de lui, pour peu qu’elle ait le malheur d’avoir des seins et un cerveau.



Il s’agissait d’un rencart arrangé. Situation déjà expérimentée, soldée par un échec cuisant et prévisible, tant l’image que nos amis ont de nous parfois peut être à 100 000 lieues de ce que nous sommes.

Mais c’était dimanche, il pleuvait, je m’ennuyais, j’avais plus de M&Ms, un moment de faiblesse, un écart fatal : j’acceptais un rendez-vous téléphonique avec un ami d’amie, non sans avoir reçu les photos de l’objet du délit. Photos correctes, voire alléchantes, mais comme je l’ai toujours dit, il faut tester le produit, ne pas se fier uniquement au packaging et à la pub…

Au premier contact téléphonique, j'eu le plaisir d'apprendre que mon rencart venait de passer 15 jours à l'hôpital pour une hémorragie suite à une crise hémorroïdaire. Pourquoi Diable ce garçon crut il bon de m'informer de ses fragilités rectales sans même m'avoir vue ? Et surtout pourquoi les cloches annonciatrices du fiasco n'ont- elles pas retenti dans mon cerveau, pourtant suffisamment conditionné, à ce moment- là précis ??? mystère... Nous convînmes de nous retrouver l'après -midi même autour d'un café. Passons sur la demi- heure de retard que ce mufle cru bon de m'imposer avant de me faire don de sa présence. A la seconde où je le vis, j'étais fixée : non seulement son after shave m'indisposait à m'en provoquer des hauts le coeur, mais en plus son visage respirait l'aigreur et la suffisance. Je su à cet instant précis que j aurais mieux fait d'aller racheter des m&ms et de me faire un dvd.

Dès la première seconde du tête à tête, notre homme pris la parole pour parler de LUI. Sans jamais me laisser la moindre fenêtre pour m’immiscer dans son monologue. Monologue qui commença donc par un état minutieux, une liste exhaustive de ses diplômes ("j ai fait un master à Maillami" ), suivi d'une autre liste de ses voyages dans "des palaces aux 4 coins du monde"... Oui, parce que monsieur "travaillait comme un chien toute l'année, et gagnait bien sa vien c'était pas pour se retrouver au camping" (j'eus une pensée émue pour mes dernières vacances à Palavas...). Voyages au cours desquels, notre Titouan Lamazou, notre aventurier de l'extrême, avait pu établir des généralités stéréotypées : mexicain = voleur pauvre, thailandais = sournois, français = fainéant....

Je l'écoutais, médusée, un peu comme quand on assiste à un spectacle de danse contemporaine : on ne comprend pas, mais on reste pour essayer de comprendre. Je commençais à me laisser bercer par le ton monocorde, calculant combien de temps je pouvais encore lui accorder sans me tailler les veines, quand tout à coup il se mit à me poser des questions sur mon mode de vie. Je répondais docilement à chacune de ses interrogations (Dans quel quartier tu vis ? .. ah oui, c est pauvre là bas // Tu es propiétaire ou locataire ??// tu es dans de l'ancien ou du moderne ?? ) Quand il commença à me poser des questions de plus en plus précises pour deviner mon salaire... " Tu gagnes surement plus de 1500 € par mois, sinon tu pourrais pas t'occuper de ta fille", "tu gagnes pas 2000 € quand même ?? ". Ayant répondu évasivement que l'argent n'était pas mon moteur et que j'étais trés heureuse avec un mode de vie assez simple, il ouvrit de grands yeux et m'assena le coup de grâce " non mais 2000 € c est bien pour une femme, après quand elle a un mec qui assure, elle peut se permettre de se faire plaisir, d'aller au sport".... OUI TEXTO !!! SIC !!

Son manque de perspicacité, sa connerie pour tout dire, fit qu'il du se méprendre sur mon regard de dégoût et mon rictus méprisant. Il y vit comme un encouragement et continua sur sa lancée : "non parce que faut pas se voiler la face, les femmes ne sont intéressées que par le fric". Je cru bon de défendre, sans espoir, mes comparses, en expliquant qu'aucune de mes amies (toutes célibataires et subvenant parfaitement à leur besoin, voire gagnant fort bien leur vie) n'avait jamais choisi un homme pour son argent. Las, cet argument ne pouvait rien contre le coup de massue qu'il m'assennat ; "non mais deconne pas, tu regardes pas la télé ? toutes ces gamines de 20 ans qui sont avec des mecs de 70 ans, c est pas pour leur beaux yeux"...

"moi j ai des potes qui preferent sortir avec des meufs qui gagnent pas trop mal leur vie, comme toi, pour être surs qu'elles ne sont pas avec eux que pour le fric, et je les comprends"...

N'écoutant que mon instinct de survie, je signalais qu'il allait malheureusement falloir écourter un si bon moment. Il parut surpris et demanda l'addition, que je le laissais payer sans aucun reflexe féministe contrairement à mes habitudes, avec sa carte gold.



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